Chers parents d’élèves, chers collègues et amis, chers élèves,
Au moment de mon départ après 6 années à la tête de cet établissement je souhaiterais tout d'abord saluer la mémoire de notre ami Richard Wrobel, dont la disparition nous a tellement affecté et qui nous a manqué terriblement ces derniers mois.
Je suis très honoré d'avoir travaillé dans ce cadre institutionnel de la coopération car je crois très profondément que l’avenir de nos enfants ne pourra être viable que s ils peuvent naviguer confortablement dans un monde multi-culturel, possédant et maîtrisant non pas simplement plusieurs langues mais la capacité de décentrement, de sentir et penser dans une autre culture, chose si difficile car le réflexe est toujours plutôt celui de l’ethnocentrisme.
L’école française de Delhi ou devrais-je dire le lycée français de Delhi s’inscrit dans cette voie et comme vous l’avez souligné a été en perpétuelle révolution. Mais elle va bien et les grands chantiers sont solides sur leurs fondations. Il y a tout lieu de se réjouir et d’être optimiste pour l’avenir de cet établissement. Cela n’a pas été facile et n’est pas encore acquis mais rien n’est-il jamais acquis ?
J’aimerais rappeler ici qu’en effet un lieu d’éducation est non pas seulement comme on voudrait parfois le faire croire un lieu où l’on dispense seulement des savoirs qui seraient autant de services.
Une école est un lieu de développement et de formation de la personnalité, de l’interaction entre les personnes, un lieu de compromis, d’écoute de l’autre, un lieu d’abord de l’humilité au contraire de l’assertion des certitudes toutes faites, un lieu de respect et d’apprentissage du respect.
Et c’est peut-être pour cela que l’école est génératrice d’inquiétude surtout pour nous qui sommes dans une culture où l’on voudrait pouvoir tout maîtriser, contrôler, où l’on voudrait de plus en plus réduire l’éducation à un produit, un service mesurable, quantifiable… en opposition avec une école de la construction lente des savoirs et du questionnement nécessaire.
Difficile d’accepter de ne pas contrôler… surtout dans un pays, une culture (et quelle culture passionnante !) où la notion d’impermanence, d’éphémère est si fortement inscrite dans le quotidien. Je n’aurai pas passé six années en Inde sans en recueillir un certains nombres d’enseignements, sans avoir acquis une forme de sagesse et d’humilité par rapport à la vie et aux événements.
Merci donc à tous, que cette école continue son chemin avec sérénité, générosité, créativité et résolution. Bonne chance à nos élèves et au plaisir de se revoir à nouveau peut-être sous d'autres cieux...